
Les coulisses

Stage de tissage : mon initiation au métier à tisser
Dans mon précédent article, je vous racontais ma découverte de merveilleux motifs vintage et le lancement de ma marque de tissus imprimés, Tissœurs Éditions.
Souhaitant m’acculturer et me former plus profondément aux métiers du textile, j’ai réalisé plusieurs stages : sérigraphie, impression au bloc… et tissage ! C’est cette dernière expérience que je vous partage aujourd’hui.
Prologue… avant le stage de tissage
Un début de stage mouvementé…
Laissez-moi vous raconter une petite anecdote sur ce début de stage. Le matin du premier jour, je me réveille épuisée, dans les vapes à cause d’un terrible covid.
En consultant (tant bien que mal) les informations du stage pour vérifier l’heure, je crois comprendre qu’il est prévu pour la semaine suivante. Ouf ! Soulagée, je me rendors sur le canapé… quand soudain, le téléphone sonne. C’est Eva, la professeure, qui s’inquiète de mon absence.
Un peu confuse (dans tous les sens du terme), je lui explique la situation et lui promets de les rejoindre après le déjeuner. Il s’avère qu’entre mon inscription et le début du stage, une deuxième session avait été programmée la semaine suivante, d’où ma confusion. J’ai donc loupé la première matinée… Ça commence bien !
Le tissage : un art ancestral
Avant de vous détailler le contenu du stage, un petit point sur le tissage s’impose ! Le tissage est une technique ancestrale qui consiste à entrelacer des fils perpendiculairement pour créer un tissu.
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On retrouve des traces de tissage dès le Néolithique, et cette pratique s’est développée dans de nombreuses cultures à travers le monde.
Le tissage sur métier à tisser utilise deux types de fils :
- La chaîne : ce sont les fils tendus verticalement sur le métier.
- La trame : ce sont les fils qui passent horizontalement entre les fils de chaîne.

Les fils de chaîne sont soulevés et abaissés grâce à des cadres (ou “lisses”). L’espace créé entre les fils de chaîne s’appelle la “foule”. C’est dans cette foule que la navette, contenant le fil de trame, est passée pour créer le tissu.
Les différentes combinaisons de levée et de baisse des cadres permettent de créer des motifs et des textures variés. Ces combinaisons sont appelées les “armures”.
Les Ateliers de Paris et ma rencontre avec le métier à tisser
Les Ateliers de Paris sont un lieu formidable qui propose des formations et un accompagnement aux artisans et créateurs. C’est là que j’ai suivi mon stage de tissage, début juillet.
J’ai été accueillie par Eva Bellanger, une tisserande passionnée et pédagogue, et par cinq autres stagiaires, toutes des femmes (comme d’habitude !).
Tous les métiers à tisser étaient déjà pris… J’ai donc hérité du dernier : un métier Ashford à 4 cadres et à manettes.


Apprivoiser les armures : un travail de patience et de précision
Eva nous a guidées pas à pas dans la découverte du tissage.
Préparer la chaine
Nous avons commencé par les bases : calculs pour préparer la chaîne, ourdissage, montage de la trame sur le métier… La préparation prend du temps (deux jours et demi !) mais il est indispensable de la réaliser avec soin pour la suite et obtenir un travail de qualité.
Voici un détail des étapes à réaliser :
Calculer la longueur et le nombre de fils de chaîne :
- La longueur de la chaîne dépend des dimensions du projet final, en tenant compte d’une marge supplémentaire pour le montage sur le métier et les finitions.
- Le nombre de fils de chaîne dépend de la largeur du projet et de la densité du tissage (nombre de fils par cm), et donc du peigne. Plus le tissage souhaité est dense, plus il faudra de fils de chaîne.
Ourdir la chaîne :
- L’ourdissage consiste à mesurer et enrouler les fils de chaîne sur un ourdissoir. L’ourdissoir est un outil qui permet de maintenir les fils parallèles et à la bonne tension pendant l’enroulement.
- Il existe différents types d’ourdissoirs, du plus simple (un cadre avec des clous) au plus sophistiqué (ourdissoir à peignes).
- L’ourdissage doit être réalisé avec soin pour éviter les nœuds et les croisements de fils.
Transférer la chaîne sur le métier à tisser :
Une fois la chaîne ourdie, il faut la transférer sur le métier à tisser. Cette étape s’appelle “l’enfilage” ou “le montage”.
- Passage dans les lisses : les fils de chaîne sont passés un à un dans les œillets des lisses (cadres) en suivant un ordre précis qui correspond au schéma d’armure choisi. Chaque lisse soulève un certain nombre de fils de chaîne pour créer la foule.
- Passage dans le peigne : les fils de chaîne sont ensuite passés dans les dents du peigne (reed). Le peigne permet de maintenir les fils parallèles et de tasser la trame pendant le tissage.
- Attachage à l’ensouple avant : les fils de chaîne sont enfin attachés à l’ensouple avant du métier, qui est un rouleau où s’enroule la chaîne pendant le tissage.
- Mise en tension de la chaîne : la chaîne doit être tendue uniformément sur le métier pour obtenir un tissage régulier.






Monter la trame sur le métier
Ensuite, place à la pratique… et à la partie la plus amusante, il faut le reconnaitre !



Nous avons appris à réaliser les armures de base (Toile et Sergé) et leurs dérivés :
- Armure Toile :
- Toile simple,
- Cannelé 1-3,
- Reps 2/2,
- Natté 1/3,
- Natté 2/2,
- Reps 1/3
- Armure Sergé :
- Sergé 1/3,
- Sergé 3/1,
- Sergé croisé 2/2,
- Sergé 2/2 avec changements de direction,
- Sergé 2/2 brisé,
- Sergé 2/2 brisé avec changement de direction,
- Sergé 2/2 dérivé par doublage,
- Satin Turc effet trame (pseudo satin pour métier à 4 cadres car le vrai satin demande au moins 5 cadres),
- Satin Turc effet chaîne,
- Gauffré
Le projet consistait à tisser une bande de 22 cm sur 1 à 2 m, en expérimentant chaque armure sur 5 à 10 cm en les séparant par 1,5 cm de toile simple. Fidèle mes habitude, j’ai fait ma “bonne élève”… mais j’ai été quasiment la seule à respecter la consigne… Les autres avaient des envies créatives avant même de maîtriser les techniques !
Au final, j’ai tissé une bande d’environ 20 cm de large (je serre un peu trop !) et, même si ce n’est pas la taille qui compte, sur 1,60 m de long (la plus longue du cours !).
Le tissage : une expérience apaisante et méditative
Malgré le covid qui m’a maintenue sous une chape de fatigue et dans le brouillard toute la semaine, j’ai adoré ce stage.
Le tissage est une activité apaisante, presque méditative. J’aimerais beaucoup pouvoir recommencer bientôt, mais je n’ai ni le temps ni la place d’avoir un métier à tisser chez moi !

Un grand merci à Eva, une prof exceptionnelle, qui a été très compréhensive vis-à-vis de ma maladie et qui m’a permis d’assister à la première matinée du stage suivant pour rattraper mon absence. J’ai ainsi pu voir les calculs de la chaîne à la fin du projet au lieu du début, ce qui était très intéressant aussi.
Et vous, avez-vous déjà testé le tissage ? N’hésitez pas à partager vos expériences en commentaire !
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Un commentaire sur “Stage de tissage : mon initiation au métier à tisser”
C’est vraiment super ce genre de stage qui te permet de découvrir une technique, c’est un peu l’envers du décor, même si en effet ce n’est pas trop le hobby que tu peux ramener à la maison !!